LA GUERRE… MEA-CULPA « MA GUERRE »

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AutoPortrait de Malick MBOW - Architecte DPLG-F © Malick MBOW
AutoPortrait de Malick MBOW – Architecte DPLG-F © Malick MBOW

Oui nous avons décidé exprès d’illustrer la couverture du numéro 5 d’A4 PERSPECTIVES par cette image d’un artiste photographe qui s’appelle Ousmane DAGO  et le tableau d’art faisant partie de  la collection privée de l’architecte Malick Mbow.

Nous estimons qu’il est nécessaire  la signification du choix ce cette photo où l’on voit un ouvrier qui, après s’être confronté à la dure labeur d’exécuter laborieusement un ouvrage, a voulu se reposer, épuisé était-il par sa journée. Et pour atténuer cette fatigue, l’ouvrier s’est autorisé un repos bien mérité sur sa brouette qui, en l’occasion, lui a servi de canapé moelleux, tellement il s’y sentait bien et à l’aise avec sa revue titrée «  la guerre ».

Le hasard faisant bien la « guerre » ici a une connotation plutôt particulière relativement à la construction. Il se pourrait qu’il ait ramassé ce magazine quelque part dans son chantier mais le titre reflète une bataille dans ce qui se passe dans le pays en matière de construction.

Oui c’est une véritable bataille d’entreprendre un ouvrage, dès le cabinet d’architecte jusqu’à l’autorisation de construire ; du bureau d’étude au bureau de contrôle jusqu’à l’exécution sur le chantier, c’est tout un parcours comparé à la montée de l’Himalaya. Et pourtant, ça aurait pu être  un jeu d’enfant que de grimper cette montagne si toutes les procédures étaient allégées et mieux organisées.

Ces obstacles et lourdeurs dans la procédure ont plus ou moins détourné la plupart des personnes voulant bâtir vers le secteur informel et dans le vrai sens du terme.

De ce fait, 78% des ouvrages sont exécutés par des apprentis maçons ou même des entrepreneurs ou autres maçons qui ont la prétention d’être « architecte » telle que illustrée  par cette photo où on voit l’ouvrier dans des airs de scolarisé ou d’intellectuel dans son canapé de fortune.

Aujourd’hui la confusion est totalement ancrée dans la tête des sénégalais qui ne distinguent plus les architectes des entrepreneurs, des ingénieurs, des entrepreneurs et des maçons.

« Le pays va mal » dirait Tiken Jah KOLY, le musicien ivoirien mais dans le cas d’espèce, c’est la ville qui va mal à l’exemple de notre capitale Dakar : Dakar défigurée, Dakar meurtrie, Dakar en pleur des années d’indépendance.

Le Dakar ville propre,  le Dakar ville articulée dans un plan directeur  n’existe plus. Le tableau « Ko urbain » de notre ami peintre Moussa Tine est une illustration parfaite de l’évolution de notre ville vers la ville sans âme, sans une identité culturelle ni architecturale.

Il y a une confusion totale dans le métier de l’architecte jusqu’à  confondre un dessin et une conception architecturale pour créer un amalgame dans la vision esthétique qui définit notre pays.

Le tracé urbain, le bâti existant, s’illustraient par la pelle, la pioche, une treille de l’homme assis dans sa brouette qui lui servira à transporter le sable, le ciment le béton et même le fer qui sont les seuls éléments contraignants qui permettent au « goorgorlou » de construire son ouvrage.

Le plan se fait rare et l’architecte est aussi devenu, par la force des choses, un apprenti maçon à force de guetter à la fenêtre pour entrevoir une lueur d’espoir par un client qui  arrive. Il finira par opter de changer de métier. Les 3D, les copié-collés de « pinterest » sont les architectes des temps de désillusion des architectes qui rêvaient d’un beau métier.

L’architecte  produit pour survivre et  n’a pas le temps de réfléchir, le client ne veut plus entendre parler de barème, comparativement au maçon qu’il paie beaucoup moins cher.

De ce fait, l’architecte devient un complice et s’autorise à faire du dumping quitte à pervertir son métier dans des formations au rabais et à ne plus croire à l’esprit du concours.

En définitive, il  se fera passer pour un entrepreneur et à la longue va tuer ce métier si la « guerre » n’est pas arrêtée.

Telle est en substance, le symbole de la photo de couverture du magazine que vous lisez en ce moment et qui rend à la réflexion suivante pour les architectes :

« ETRE LOYAL VIS-A-VIS DE SOI-MEME, FAIRE SON AUTO-CRITIQUE, PENSER L’ARCHITECTURE COMME UN LABORATOIRE DE RECHERCHE POUR UNE MEILLEURE GESTION DES ESPACES DE VIE TANT AU NIVEAU FONCTIONNEL, ESTHETIQUE QUE NIVEAU CULTUREL »

auteur : Malick MBOW – Architecte.

1 COMMENTAIRE

  1. AUTO CRITIQUE,c’est ce que je pense aussi et j’ai fais une proposition au conseil de l’ordre des architectes pour mettre fins à cette situation chaotique.Il nous faut aussi vaincre nos propres démons,car l’ordre est aussi dans l’informel.
    Bonne continuation

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