On le savait mortel comme tout être humain, on le savait aussi préparé au regard du flegme qu’il affichait toujours aux plaisirs terrestres mais on ne l’imaginait jamais repus de son flair inné d’explorer l’espace de la créativité artistique et musicale.
Mais, l’instinct machinal de l’espérance de toujours empoigner le temps par les événements nous prend souvent de court quand, à la fleur de l’âge, on ne place point la mort comme point de rupture aussi subite devant un être vivant, la splendeur de son existence.
C’est bien à cette triste réalité que l’oncle de conseiller culturel et parolier que je suis pour ce trio du Gelongal a été subitement confronté aux aurores en ce lugubre samedi 5 Mai 2018.
Papis, en effet, s’en est allé sans crier gare à l’aventure de l’éclipse à la faveur d’un stupide accident survenu sur la route de l’aéroport de Diass.
Le prétexte explicatif du scénario tragique tracé par la folle chevauchée d’une vache folle, surgi dont on ne sait où, peine à pouvoir expliquer la stupidité de cette cruelle froideur qui a arraché à notre affection un génie de la création placé sur le label de l’espoir. Au-delà de nos émotions et du caractère évasif des hommages posthumes qui, en de pareilles circonstances, ne reflètent souvent pas le mérite du disparu, l’ainé du trio du Gélongal a simplement mérité la splendeur des honneurs qui lui ont été rendus.
Persévérant, discret, créatif et attaché au sens de la famille, le complice attitré de sa douce maman Hawa n’en demeurait pas moins le trait d’union entre la famille de feu Dialikéba Cissokho et par ricochet à la famille des Diakhanké de Boké (République de Guinée), de toute la Casamance naturelle et principalement de Ziguinchor où il a vu le jour.
Evoquer le souvenir de Papis sans parler de la longue marche du groupe à travers la Casamance naturelle pour la bataille du déclic d’une identité musicale et culturelle pour le terroir du Sud, serait une belle manière de tronquer l’œuvre gigantesque abattue par les rejetons de N’Diobo Mballo, ingénieur agricole, sorti de l’école italienne dont l’installation à kolda a été la source de leur fixation en Casamance.
A l’heure où le Mbalakh national ennivrait l’espace musical national et que les groupes de Rap Positive Black Soul, Daara j et autres se comptaient du bout des doigts, les gamins du Gélongal initièrent leur baptême de feu dans la douleur mais la persévérance absolue. Mais comme aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années, Papis, Moise et Bathie, imbus d’un sens de créativité innée, doublés de disposition de vocables polyglottes qui enrichissent le contenu de leur répertoire, se voient bientôt distingués comme les porte-étendards d’une région cosmopolite, d’une sous-région africaine multi linguiste et finir par affronter les vagues de la consécration internationale, avec bonheur.
Avec à la remorque de leur savoir-faire, de leur génie mais surtout de leur générosité, de nombreux groupes dont la composante féminine du Safari et les multiples feuilletons devenus aujourd’hui célèbres sous l’œil imaginatif et la baguette managériale du groupe dirigé par feu Papis, finir par s’imposer sur la palette préférentielle des programmes télévisuels.
Un coup d’œil sur le parcours de ce groupe de référence, nous autorise certes, à parler de rupture d’une symphonie inachevée mais le réconfort moral dilué par Moussa Mballo, qui, sous le plâtre du bras endolori confie à l’oncle « nous n’avons pas le droit de laisser tomber tout cela, nous allons continuer. C’est un patrimoine, c’est pour rendre hommage à notre frère».
Le temps d’un deuil aux émotions multiples, regroupée autour de Maman Hawa et père Ndiobo, la famille éplorée, élargie aux amis et partenaires de travail se donnent la consigne d’un réarmement moral et d’un approfondissement des thèmes de leurs messages artistiques pour porter plus haut le sens et l’impact des orientations tracées par feu Papis.
Que la terre du cimetière musulman de Yoff lui soit légère. Amin !
Mbemba DRAME ,
Journaliste- consultant
Oncle et conseiller du groupe GELONGAL