L’ancienne ministre de la Justice de François Hollande, s’indigne de la stratégie et des mots utilisés par Emmanuel Macron pour justifier son texte.
POLITIQUE – Le réquisitoire de Christiane Taubira. Dans un message publié sur Facebook, jeudi 21 décembre, l’ancienne garde des Sceaux de François Hollande s’en prend à la loi immigration, à « la paranoïa des verbeux de la grande invasion », et aux « fantasmes des tourmentés qui connaissent si peu l’Histoire de France qu’ils croient voir dans le dynamisme social et culturel une identité vacillante ».
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L’ancienne candidate à l’élection présidentielle fustige ainsi le blanchiment de certaines propositions du Rassemblement national, des idées qui « débagoulent et empestent depuis quelques dizaines d’années » le débat public.
Les voilà désormais « dans la loi » déplore-t-elle, reprises et avalisées par le camp présidentiel et Les Républicains, ces « portes-plumes (…) sans vergogne. » « Ils rient. Jubilent. Mais ils ont la peur au ventre. Quel autre sentiment dicterait cette presque centaine d’articles » dirigés contre les étrangers et leurs droits, s’interroge ainsi Christiane Taubira.
Impudence ou incompétence
Dans ce contexte, l’ancienne ministre de la Justice s’en prend avant tout à la stratégie et aux mots du président de la République. À son intention, à peine camouflée, de refiler le dossier éruptif au Conseil constitutionnel pour qu’il censure les articles les plus controversés.
Si cela advient, « quel cynisme ! Quel mépris des lois, nos règles communes. Tricher avec le Droit, quelle impudence ! », s’indigne Christiane Taubira. Si les Sages, au contraire, valident l’essentiel de la loi : « quelle impéritie ! Quelle coupable incompétence ! », cingle l’ancienne ministre.
Sur le fond, Christiane Taubira affirme de pas comprendre « de quels dangers » est censé nous prémunir le « bouclier qui nous manquait » évoqué par Emmanuel Macron sur France 5 pour défendre son texte décrié. Et l’ancienne ministre de prendre en exemple le destin de ces « femmes qui ont tenu la première ligne » pendant le Covid, de « ces hommes qui ont continué à ramasser nos déchets », de ces « enfants qui sont autant, pas plus pas moins, turbulents que les autres dans les cours d’école » ou de « ces étudiants brillants, pétillants ou flemmards. »
Tous, selon elle, « font rayonner la recherche, les arts, les lettres, les sciences, les techniques, la dérision, l’inventivité, la politique, le goût du débat et de la fronde, le génie collectif français » loin des poncifs qui touchent généralement les immigrés dans le débat public.
Dans ce contexte, l’ancienne ministre cite la chanson Ma France de Jean Ferrat, en déplorant que notre pays, aujourd’hui, « ne donne plus le vertige aux peuples étrangers. » Il faut dire que « cet air de liberté au-delà des frontières » n’a plus la même odeur.
