Les prix de nombreuses denrées alimentaires ne cessent de flamber depuis plusieurs mois, mais les tarifs de l’oignon suscitent presque la controverse, tant leur hausse dépasse les limites raisonnables, au grand dam des consommateurs de ce condiment quasi indispensable à la cuisine sénégalaise.
Au marché Tilène, situé dans la commune d’arrondissement de La Médina, à Dakar, le prix de la denrée est vite passé du simple au double chez les détaillants comme chez les grossistes.
Les commerçants et consommateurs interrogés par l’APS ne donnent pas de cette hausse les mêmes raisons. La direction du commerce intérieur invoque, pour sa part, une baisse de la production d’oignon en Hollande, l’un des principaux fournisseurs du Sénégal.
‘’Les Sénégalais ont laissé prospérer l’augmentation des prix. L’oignon est facile à cultiver, mais on n’en cultive pas assez au Sénégal. Aujourd’hui, le prix du sac de 25 kilos a doublé’’, s’indigne Mamour Gaye, un vendeur au détail trouvé au milieu de ses nombreuses marchandises, à Tilène, un important point de vente de produits alimentaires.
M. Gaye est d’avis que le manque d’équipements de conservation de l’oignon est l’une des causes de la fluctuation de ses prix. ‘’La plupart des denrées alimentaires cultivées dans notre pays, notamment les légumes, pourrissent avant même qu’elles ne quittent les lieux de production’’, explique le commerçant détaillant âgé d’une soixantaine d’années.
‘’Il n’est pas surprenant que le prix de l’oignon connaisse cette hausse incompréhensible’’, ajoute Mamour Gaye.
Omar Sidibé, également vendeur au détail, debout dans sa cantine, au milieu des tas de sachets remplis de bouillons, de sacs et de seaux contenant des légumes, affirme que ‘’le sac de 25 kilos d’oignon coûte actuellement entre 18.000 et 19.000 francs CFA’’.
‘’Le prix du kilo varie entre 900 et 1.000 francs’’, ajoute le jeune commerçant, rappelant que le sac de 25 kilos coûtait 8.000 à 8.500 francs à quelques jours de la dernière Tabaski (l’Aïd el-Kébir, une fête musulmane qui a eu lieu début juillet), une période de forte consommation d’oignon.
Le prix du kilo variait entre 300 et 500 francs CFA, se souvient M. Sidibé.
Ces tarifs sont ceux de l’oignon importé, selon les commerçants du marché Tilène.
‘’Le sac d’oignon local de 25 kilos coûtait 5.000 francs CFA. Il a augmenté à la veille de la Tabaski, s’élevant à 14.000 francs, puis à 14.500 francs lors de la Tamkharit (une commémoration musulmane qui a lieu un mois après la Tabaski), à raison de 700 ou 725 francs le kilo’’, détaille Omar Sidibé en mettant les commerçants hors de cause, quant à la responsabilité de cette flambée des prix.
‘’Tous les produits alimentaires de consommation courante, ou presque tous, ont connu des hausses indépendantes de notre volonté. Nous ne faisons qu’acheter et revendre. Nous ne pouvons pas nous permettre de revendre à perte’’, se défend-il.
Une baisse des importations provenant de la Hollande
Nanou Ndoye, une restauratrice, se fait du souci à cause de la hausse des prix de l’oignon et d’autres denrées alimentaires.
‘’Ça tourne mal. Cela fait deux jours que je n’ai pas travaillé à cause de la cherté des produits alimentaires. Nous vendons des plats de riz à 600 francs, pas plus. Avec les prix actuels des denrées, on ne s’en sort pas’’, s’inquiète cette dame rencontrée dans l’une des ruelles du marché Tilène.
‘’Tout coûte cher. C’est valable pour l’oignon, l’huile, la tomate, la pâte d’arachide, le sucre, le lait, etc.’’ fait-elle remarquer.
Amy Diémé, une ménagère qui vient faire ses provisions alimentaires quotidiennes au marché Tilène, dit éprouver des difficultés à s’acheter ce dont elle a besoin, malgré les 10.000 francs CFA destinés chaque jour aux repas familiaux.
‘’Avec moins que ça, tout récemment, on s’approvisionnait suffisamment’’, dit-elle avec toute la nostalgie de cette récente période où les produits alimentaires coûtaient moins cher que maintenant.
L’oignon, comme d’autres denrées de consommation courante, était l’objet d’une hausse tarifaire au-delà des limites imaginables, la semaine dernière. Le sac de 25 kilos aurait même été vendu à 50.000 francs CFA à raison de 2.000 francs le kilo, dans le centre du pays. Pour éviter cette flambée qu’elle trouve injustifiable, la direction du commerce intérieur aurait saisi des stocks de marchandises appartenant à des commerçants jugés véreux, selon certains journaux.
‘’En raison de la baisse des rendements chez le principal fournisseur, la Hollande, la quantité exportée vers le Sénégal a considérablement baissé’’, explique le directeur du commerce intérieur, Oumar Diallo.
Le prix du sac d’oignon de 25 kilos acheté à 9.500 francs CFA auprès des fournisseurs hollandais coûte maintenant 10.350 francs, selon M. Diallo.
Le Sénégal a tenté de délaisser l’oignon de la Hollande pour s’approvisionner au Maroc, qui a également augmenté les tarifs, apprend-on du directeur du commerce intérieur.