DES «GENIES» SENEGALAIS S’EXPOSENT ET S’EXPRIMENT A PARIS

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InduLes Sénégalais étaient bien visibles à Paris les 6, 7 et 8 octobre dernier à l’occasion du Forum Création Africa

Seydina Bilal DIALLO (Envoyé spécial à Paris)  |   Publication 09/10/2023

Le Sénégal est très bien représenté au Forum Création Africa à Paris. Plus d’une dizaine de jeunes créateurs et artistes culturels y ont exposé leur savoir-faire dans le domaine des jeux vidéo, du motion design, de l’art, du cinéma… Certains d’entre eux ont accepté de raconter à «L’AS» leur histoire avec les ICC et de donner leurs avis sur la redéfinition des relations entre la France et l’Afrique.

Les Sénégalais étaient bien visibles à Paris les 6, 7 et 8 octobre dernier à l’occasion du Forum Création Africa. En plus de proposer un état des lieux de l’industrie culturelle et créative en Afrique où de nouveaux modes de narration et de nouvelles projections de l’imaginaire se mettent en place, c’était une bonne tribune pour des « génies » sénégalais d’exposer leur savoir-faire et de s’exprimer sur l’utilisation des ICC pour redéfinir les relations entre la France et l’Afrique.

BABA DIOUM, L’ICONE ESPORT PROFESSIONNEL EN AFRIQUE

Parmi ces «génies» on peut compter Baba Dioum qui s’active dans le domaine de l’Esport au Sénégal. Manager du premier club Esport professionnel de l’Afrique de l’ouest et Président de l’association SENGAMES, ce spécialiste du jeu vidéo est convaincu que les industries culturelles et créatives ont le potentiel de transformer la relation entre la France et l’Afrique en favorisant une compréhension mutuelle plus profonde, en promouvant la diversité culturelle, en créant des collaborations artistiques et en renforçant les liens personnels et professionnels. «Elles peuvent également contribuer à l’éducation, au tourisme et à la diplomatie culturelle, tout en renforçant l’influence positive de la France en Afrique par le biais de son soft power», laisse t-il entendre. Il déclare dans la foulée que la relation France Afrique continue d’évoluer vers une coopération plus équilibrée. La preuve, note-t-il, la France maintient toujours des liens historiques, culturels et économiques avec de nombreux pays africains. «J’observe une évolution vers une relation plus équilibrée et moins néocoloniale motivée par plusieurs facteurs : le renforcement des partenariats économiques avec l’Afrique en favorisant le commerce équitable ; la réduction des forces militaires directe au profit d’une collaboration avec les armées africaines ; et la multiplication des opportunités dans le secteur de la culture et des innovations pour les Africains à travers des évènements», affirme Baba Dioum.

MOCTAR SIDIBE, LE «GEEK» SPECIALISE EN ART DIGITAL

Si Baba excelle dans la pratique et le management de l’Esport, Moctar Sidibé lui, est dans la création artistique digitale. Cet entrepreneur au parcours atypique combine sa profession de développeur avec sa passion pour l’art digital. Il a fait ses premiers pas dans le monde du numérique, il y a six ans maintenant. Il a eu à explorer divers domaines, du développement à la 3D, avant de trouver sa véritable passion, le motion design. Aujourd’hui, il est un artiste numérique polyvalent qui crée des animations captivantes, tout en continuant de développer son entreprise et en repoussant sans cesse les limites de la créativité dans ce monde en constante évolution. Sa spécialité dans les industries culturelles et créatives réside principalement dans la blockchain et le web 3. Il a lancé une marketplace NFT appelée Kucibok, qui constitue un espace novateur pour les artistes et les créateurs de contenu numérique. Cette plateforme, en plus d’être un agrégateur d’art phygital, permet aux artistes de vendre leurs œuvres sous forme de tokens NFT, ouvrant ainsi de nouvelles opportunités pour la monétisation de l’art numérique. En plus de sa plateforme NFT, il propose également des prestations de services liées au web 3. Cela peut inclure des conseils en matière de blockchain, de conception et de développement d’Apps (applications décentralisées), ainsi que d’autres services liés à cette technologie émergente. Son expertise dans ces domaines lui a permis de contribuer à l’essor de l’art numérique et de la technologie blockchain dans le secteur culturel et créatif africain. Moctar Sidibé dit être présent à ce forum pour établir des connexions cruciales avec d’autres acteurs du secteur, notamment des artistes, des créateurs, des investisseurs et des experts. «Ces interactions peuvent déboucher sur des collaborations fructueuses, des financements et des opportunités d’apprentissage mutuel, renforçant ainsi notre réseau professionnel», laisse-t-il entendre. Non sans se réjouir du fait que ce forum offre une plateforme pour partager des idées innovantes, des tendances émergentes et des bonnes pratiques dans les ICC en Afrique. Il pense que les entrepreneurs africains doivent être conscients du potentiel des ICC pour favoriser un échange culturel plus équilibré et mutuellement enrichissant. «En exportant nos créations artistiques vers la France, nous contribuons à faire découvrir et apprécier la diversité de notre continent», a-t-il soutenu. Non sans dire qu’elles encouragent le dialogue interculturel et permettent de dépasser les stéréotypes et les préjugés. «En montrant que l’Afrique est bien plus qu’une série de clichés, nous contribuons à une meilleure compréhension mutuelle entre nos deux sociétés», souligne monsieur Sidibé. Mieux, ajoute-t-il, les entrepreneurs africains actifs dans les ICC doivent jouer un rôle crucial dans la redéfinition positive de la relation entre l’Afrique et la France. «Nos initiatives créatives peuvent aider à construire des ponts culturels et économiques solides, contribuant ainsi à une collaboration plus harmonieuse et équilibrée entre nos continents», préconise le Motion designer. D’ailleurs, il estime que la relation entre la France et l’Afrique est complexe et en constante évolution. «Certaines personnes considèrent cette relation comme étant empreinte de néocolonialisme, tandis que d’autres voient un potentiel pour une coopération mutuellement bénéfique. En fin de compte, l’avenir de cette relation dépendra des choix et des actions des gouvernements africains et français, ainsi que des aspirations des peuples des deux régions», laisse-t-il entendre. Et d’indiquer que les jeunes entrepreneurs peuvent contribuer à façonner une relation plus équilibrée et fructueuse entre la France et l’Afrique. Et que les Industries culturelles et créatives (ICC) doivent jouer un rôle essentiel dans la redéfinition positive de la relation entre l’Afrique et la France.

 SEYDINA MOHAMED SENE, UN ENTREPRENEUR DIGITAL ENGAGE

A côté de Moctar Sidibé, on peut compter Seydina Mouhamed Sène, lui aussi Tech entrepreneur sénégalais. Cet artiste passionné a co-fondé une startup tech dans les Industries culturelles et créatives. Cet expert en art engagé est ouvert à toutes les formes d’expression artistique pourvu qu’elles servent à véhiculer un message en lien avec les objectifs de développement durable. «Notre plateforme rassemble et répertorie les artistes engagés disséminés à travers l’Afrique, dans le but de les inciter à collaborer au sein des programmes axés sur les objectifs de développement durable initiés par les ONG et les Associations œuvrant sur le continent africain», informe-t-il. Seydina Mohamed Sène estime que ce forum a permis aux uns et aux autres de se rendre compte que les Africains ne collaborent pas assez et qu’il convient de combler ce vide afin d’ouvrir des marchés plus vastes, avant de chercher des financements étrangers. Selon lui, les artistes africains sont capables d’instaurer un dialogue entre l’art et le développement, mais aussi entre l’art et la politique, l’art et la culture… À travers leurs créations, note-t-il, ils reflètent les réalités et les enjeux authentiques de leur environnement, tout en transmettant un message sans en altérer le sens. Au contraire, précise-t-il, ils en renforcent l’impact et encouragent l’échange. Parlant de la relation entre la France et l’Afrique, Seydina Mohamed Sène soutient que ce que l’on ressent aujourd’hui est parfois mal interprété comme un sentiment anti-français, alors qu’il s’agit simplement de l’évolution des mentalités, des besoins et de la manière dont la génération perçoit les changements actuels. Ainsi, souligne-til, il est impératif qu’on réévalue collectivement les collaborations, les échanges culturels. Ces dynamiques ne doivent pas se limiter à une relation entre dirigeants, mais doivent impliquer chacun dans la réflexion en amont, plutôt qu’après que les décisions ont déjà été prises, ajoute-t-il.

MAHFOUSSE, L’HUMORISTE DU NET TISSE SA TOILE

Enfin, le dernier acteur des ICC sénégalais rencontré lors de ce forum est Cheikh Mahfousse Samb alias Mahfousse. Ce jeune humoriste, youtubeur et acteur sénégalais, est révélé en 2014 au public à travers ses premières vidéos sur Youtube. Il devient populaire grâce à son concept «caméra cachée» créé il y a dix ans maintenant et qui l’a propulsé au-devant de la scène. Il est aujourd’hui l’humoriste sénégalais le plus productif sur Youtube avec le plus grand nombre de vidéos visionnées à son actif. Avec quatre millions de followers sur les réseaux sociaux, il est aujourd’hui un As dans son domaine. Il a réussi à accrocher son public avec des vidéos dans lesquelles il met en scène des situations cocasses de la vie de tous les jours en s’inspirant principalement des faits de société. Celui qui se fait appeler le «Dentiste du rire» veut aujourd’hui donner un nouvel élan à sa carrière. Il s’est lancé récemment dans la production en réalisant une série sur l’émigration clandestine intitulée GAAL GUI.

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