QUAND LE MINISTRE ABDOUL AZIZ TALL INDIQUAIT DEJA DES PISTES DE SOLUTIONS

Date:

 

Coup de Griffe en partenariat avec Soleil Week end - Le portrait du week end
Portrait d’Abdoul Aziz Tall © Malick Mbow

S’exprimant sur la crise politico-judiciaire que traversait le Sénégal dans les colonnes de « Sud-Quotidien », l’ancien ministre Abdoul Aziz Tall avait déjà indiqué des pistes de solutions et de réflexions de sortie de crise.

Synthèse de Pape Ndiaye (Interview publiée dans Sud-Quotidien en septembre 2022)  |   Publication 07/06/2023

Dans une interview exclusive accordée à notre confrère « Sud Quotidien » courant septembre 2022, Abdoul Aziz Tall, ancien ministre en charge du suivi du Pse et exdirecteur de cabinet du président de la République Macky Sall, indiquait déjà des pistes de solutions à la crise politique actuelle que traverse le Sénégal. Après lecture, « Le Témoin » a jugé utile de revenir sur quelques extraits de cet entretien appuyés sur des exemples concrets.

S’exprimant sur la crise politico-judiciaire que traversait le Sénégal dans les colonnes de « Sud-Quotidien », l’ancien ministre Abdoul Aziz Tall avait déjà indiqué des pistes de solutions et de réflexions de sortie de crise. L’argumentaire qu’il y développait s’adapte à la situation politique que traverse actuellement notre pays depuis la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse ». Il faut dire que dansl’entretien qu’il avait accordé à « Sud Quotidien », l’ancien directeur général de la Lonase avait énuméré et déploré beaucoup de dérives qui touchaient la société sénégalaise. Le journal lui avait demandé justement quelles conséquences pourraient entraîner ces dérives dans notre société. L’ancien membre du très prestigieux bureau Organisation et Méthode (BOM mis en place par le président Léopold Sédar Senghor avait répondu que tous ces discours polémistes, qui dérapent à certaines occasions sur des sujets jusqu’ici tabous de notre société comme les questions ethniques, religieuses, confrériques ou régionalistes entre autres, concourent à envenimer les rapports entre le pouvoir et l’opposition « surtout l’opposition c’est-àdire celle considérée comme radicale, et constituent une réelle menace à la cohésion sociale qui a toujours été la compétence distinctive du Sénégal en Afrique. Au lendemain des élections locales, je vous faisais humblement remarquer qu’en lieu et place d’une adversité politique empreinte de courtoisie et d’élégance républicaine, qui devrait être la norme dans une démocratie, les acteurs en sont venus aujourd’hui à entretenir des relations d’animosité, de violence, sur fond de menaces, d’attaques personnelles, de défiances et d´avertissements musclés » déplorait-il.

Pensait-il qu’il soit possible de rapprocher les différentes positions ? A cette question, Abdoul Aziz Tall a répondu que notre pays a toujours été considéré comme un État de droit et de démocratie. « Mais l’État de droit et de démocratie est intrinsèquement lié, entre autres, à la qualité des relations entre le pouvoir et l’opposition. Dès lors, un pays sans opposition ou avec une opposition faible ou affaiblie ne saurait être considéré comme une véritable démocratie. L’un dans l’autre, de réels dangers pourraient guetter la démocratie sénégalaise. En effet, lorsqu’un contrepouvoir formel et solide n’existe plus dans une démocratie pour exprimer la position de la minorité, c’est le peuple lui-même ou une partie de ce peuple qui risque de se dresser en une véritable opposition informelle et sans attache idéologique conventionnelle. Et cette forme d’opposition spontanée conduit irrémédiablement à des dérives anarchiques qui appellent à la répression et à l’usage de la force. Et comme je l’ai dit dans un précédent entretien, et je le répète : une vraie démocratie a davantage besoin d’oxygène que de lacrymogènes pour exister et garantir la paix et la stabilité sociale » indiquait avec beaucoup de pertinence l’ancien directeur de cabinet du président Macky Sall.

Le président Macky Sall est le père de la Nation…

Avait-il un conseil ou suggestion à faire aux acteurs politiques pour éviter que le pays ne s’enlise ? « Dans ce contexte où les acteurs politiques se regardent en chien de faïence, je suggère à Monsieur le Président de la République, père de la Nation et principale figure du jeu politique, d’être le métronome de la restauration d’un climat de paix en évitant de suivre tous ceux qui se complaisent dans cette situation de belligérance avec l’opposition, en particulier celle radicale incarnée par Yewwi Askan Wi, qui vient de démontrer sa représentativité à travers les résultats de ces élections législatives. Il y a d’autant plus intérêt que c’est lui, et lui seul qui est élu au suffrage universel, et qui a pour objectif de livrer un bilan au peuple à la fin de son mandat. Par conséquent, il doit éviter toute situation de nature à menacer la stabilité du pays, et conséquemment entraver le déroulement normal de la mise en œuvre de son programme de politiques publiques » conseillait avec beaucoup de sagesse le ministre Abdoul Aziz Tall. Une autre question de « Sud Quotidien » : Quel serait alors le mode opératoire de cette suggestion au Président de la République ? Selon Abdoul Aziz Tall, le président Macky Sall doit commencer d’abord par considérer ses adversaires politiques comme des opposants à son régime à l’image de ce qui existe dans tous les pays démocratiques du monde et non comme de simples « perturbateurs » de sa gouvernance, qu’il chercherait à rendre insignifiants.

Le jour où Abdou Diouf a reçu Me Wade en pleine crise

Avec des exemples concrets, Abdoul Aziz Tall a rappelé le jour où le Pape du Sopi a été recu au Palais en pleine crise politique. « Ce jour-là, le président Abdou Diouf a reçu en audience en pleine crise politique Abdoulaye Wade dans une atmosphère électrique. Ce jour-là, la tension avait atteint un point tel que nous n’avions pas quitté nos bureaux de la présidence de la République, tant il y avait des craintes que le pays allait s’embraser. Il me paraît impératif que le Président de la République adopte une autre stratégie de lutte contre ses adversaires politiques. La très forte tendance aux attaques personnelles et autres suspicions liées aux recours à des dossiers judiciaires, aux emprisonnements, à la transhumance d’opposants ont assurément montré leurs limites. Cette stratégie est non seulement contreproductive pour lui et ses partisans, mais encore elle ne peut que contribuer à envenimer davantage le climat social et, paradoxalement, à renforcer cette opposition radicale. Il faut en convenir : ils sont nombreux au sein de l’opinion à considérer la stratégie actuelle du pouvoir comme de simples manœuvres visant à éliminer des adversaires politiques. La forte percée de l’opposition au cours de ces élections législatives indique clairement que la transhumance comme la stigmatisation des opposants n’ont pas été des stratégies payantes. Le président de la République lui-même devrait s’en convaincre en se souvenant de ce large élan de solidarité dont il avait bénéficié lorsque le président Abdoulaye Wade avait voulu le liquider politiquement à travers des accusations dont tout le monde savait qu’elles relevaient de sordides manœuvres politiciennes. Le chef de l’Etat est seul à pouvoir amorcer ce processus de dégel tant souhaité de ce climat malsain qui règne dans le pays, en invitant ses partisans à recentrer le débat. D’autant que figurent dans son propre camp des cadres hommes et femmes ayant une solide formation académique, universitaire, dotés de bagages intellectuels et capables de soutenir un débat d’idées face à n’importe quel challenger. Ce sont ceux-là dont il doit favoriser la participation à un débat politique contributif et non ceux dont le langage comme les comportements heurtent plutôt la sensibilité de la majorité de leurs concitoyens. Nos hommes politiques, comme dans toutes les démocraties du monde, sont obligés de se parler, de se concerter afin d’éviter de plonger le pays dans des lendemains incertains où les citoyens finissent par devenir de simples otages stressés d’une guéguerre sans fin » ajoutait le ministre Abdoul Aziz Tall qui eu à servir à la présidence de la République sous le régime du président Abdou Diouf.

Le Sénégal, un pays divisé par la haine et l’animosité

Nos confrères lui avaient demandé si, pour que ce pacte républicain soit une réalité, il ne faudrait pas que l’opposition aussi soit dans les mêmes dispositions que celles préconisées au Président, Abdoul Aziz Tall avait convenu que « cette posture attendue du chef de l’Etat doit évidemment trouver son répondant auprès des responsables de l’opposition. Surtout ceux de l’opposition radicale. Ceux-ci doivent admettre que le président de la République est celui qui a été élu au suffrage universel et qu’il doit demeurer à son poste jusqu’au terme de son mandat. Il est le chef de l’Etat et l’autorité suprême de la Nation tel que le stipule la Constitution. Chaque Sénégalais lui doit respect, eu égard à la haute institution qu’il incarne. Les divergences politiques et l’adversité, si fortes soient-elles, ne devraient en aucun cas engendrer un sentiment de haine et d’animosité ou un discours violent et indécent à son égard, quel que soit par ailleurs le jugement que l’on peut porter sur sa gouvernance. Le Sénégal est aujourd’hui un pays divisé comme l’ont démontré éloquemment les résultats sortis des élections législatives. Une fois encore, chaque partie doit prendre conscience qu’il ne sert à rien de conquérir le pouvoir ou de chercher vaille que vaille à le conserver, si l’on doit passer tout le reste de son temps à recomposer les pièces d’une nation éclatée ou d’éteindre des brasiers qu’on aura allumés. Il y va de la survie et de l’image de notre nation et de sa démocratie » estimait Abdoul Aziz Tall dans l’interview accordée à notre confrère Abdoulaye Thiam de « Sud Quotidien » courant septembre 2022.

Pour faciliter le rapprochement auquel appellent les médiateurs sociaux et politiques, l’ancien directeur de cabinet du Président rappelait que notre pays a une vieille tradition de dialogue. « Il compte suffisamment de personnalités politiques, religieuses et de la Société civile, désintéressées, (permettez que j’insiste sur ce qualificatif), en mesure de faciliter ce rapprochement. Une des conditions est que, du côté de l’opposition comme celui du pouvoir, l’on fasse preuve de responsabilité, en se débarrassant d’abord des égos surdimensionnés, ensuite en évitant de part et d’autre l’utilisation d’armes non conventionnelles dans un combat démocratique où seul le peuple est habilité à rendre son verdict. C’est ainsi que les acteurs politiques pourraient donner la preuve que c’est le Sénégal, et le Sénégal seulement, qui les intéresse et que son avenir ne saurait se bâtir sur un ring de gladiateurs » concluait Abdoul Aziz Tall. Une analyse plus actuelle que jamais !

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

+ Populaires

Articles similaires
Related

OUSMANE GUEYE _ La forêt bleue / BAKKU

https://www.youtube.com/watch?v=9M3kYJ_qZTQ

IL EST L’UN DES PLUS GRANDS ARCHITECTES DU MONDE Sans diplôme d’architecte, il a construit la maison la plus chère du monde : Tadao...

https://www.youtube.com/watch?v=JjE5FgTXCzo Un enfant plein de rêves qui arpentait les rues...

Le centenaire du Bauhaus (1919-2019)

https://www.youtube.com/watch?v=d_sdZwASRr8

Michel Onfray – Intelligence Artificielle et Morale

https://www.youtube.com/watch?v=bz4IivOghLY
Share with your friends










Submit
Share with your friends










Submit
Share with your friends










Submit
Share with your friends










Submit
Share with your friends










Submit