Plus de 600 oeuvres, dont 300 cédées à titre temporaire par les musées français. Le Louvre Abu Dhabi, inauguré ce mercredi, rassemble toutes les époques et met en lumière les quatre coins du monde.

«Un musée universel», voilà ce que veut être le Louvre Abu Dhabi. D’accord mais ça veut dire quoi ? Petit voyage en avant-première sous la coupole du désert de Jean Nouvel, qui ouvrira ce week-end aux Emirats arabes Unis. Il abrite environ 600 œuvres, dont 300 prêtées par le Louvre mais aussi 12 autres musées français, le reste ayant été acheté par le nouveau Louvre Abu Dhabi.

Universel, ça veut dire de la Préhistoire à l’art contemporain en quatre sections -accrochez-vous, ça va vite- et de l’Alaska aux Maya. Géographiquement, aucune zone n’est laissée à l’écart. Un musée des musées en somme.

Fascinants côtes à côtes
La démonstration est la plus éclatante dans les premières salles consacrée à l’Antiquité. Mais au pluriel. Nos ancêtres n’étaient pas seulement gaulois ni même grecs ou romains.

Ici, le pharaon Ramsès II fait chambre commune avec un prince sumérien de l’Irak d’il y a 3000 ans avant notre ère. Une armure moyenâgeuse de nos contrées fait face à la tenue d’apparat d’unsamouraï d’une noble famille japonaise.

Très beau surtout de réunir une tête de jeune homme étrusque à un visage sculpté Nok du Nigeria et à un vase maya en forme de figure humaine du Guatemala.
Une tête de Bouddha à côté du Socrate de nos cours de philo. Les Olmèques -vous vous souvenez des Cités d’Or- vont aussi se faire voir ici chez les Grecs.
Comment représentait-on un visage ou un paysage, au Nord comme au Sud, d’Est en Ouest, en Chine et en Europe ?
Une bible gothique est également présentée dans la même pièce qu’une Torah du XVe siècle et un feuillet du Coran bleu de l’an 900, comme une réunion au sommet des religions du Livre.

C’est ce côte à côte plutôt qu’un face à face que l’on retient. Plus que le prêt de chefs-d’œuvre, comme la Belle Ferronnière de Vinci, l’autoportrait de Van Gogh, Bonaparte franchissant les Alpes de Jacques Louis David, ou le Joueur de fifre de Manet.
Car des pièces majeures, le Louvre Abu Dhabi, qui a déjà acquis des Gauguin, Manet aussi, Picasso, Mondrian, va continuer d’en amasser. Le système de prêt, prévu pour durer dix ans – avec un large système de rotation, les œuvres revenant «à la maison» dans leurs musées français au bout d’un an – fera place peu à peu aux collections d’Abu Dhabi.
Le musée bénéficie d’un budget d’acquisition de 40 millions d’euros par an, géré par l’agence France Muséum, une équipe d’experts français installés sur place et ses partenaires émiriens.
Ouverture au public samedi
Et les visiteurs ? Le Louvre Abu Dhabi ouvre samedi et 4000 billets ont déjà été vendus pour cette première journée, avec le soir un concert de M qui affiche complet.
Les Parisiens, eux, pourront toujours faire un tour à la Pyramide du Louvre. Des images géantes du bâtiment de Jean Nouvel et de ses chefs-d’œuvre y seront projetées de nuit du 8 au 12, de 18 heures à minuit et de 6 heures à 8 heures du matin.
Qu’ils ne se plaignent pas du froid automnal. A cette heure là, il fait déjà une chaleur à peine supportable autour du Louvre du désert.
En chiffres
Le Louvre Abu Dhabi, aux Emirats Arabes Unis, qui sera inauguré ce mercredi par Emmanuel Macron, et ouvert au public à partir de samedi, est né d’un accord étatique entre la France et les Emirats, il y a dix ans.
Le musée pourra utiliser le nom du louvre pendant 30 ans depuis la signature de l’accord en 2007, soit jusqu’en 2027.
L’agence France Muséum, qui réunit une cinquantaine d’experts français, est chargée des expositions pendant 15 ans à partir de l’ouverture et de la gestion des collections permanentes pendant 10 ans.
400 millions. Le Louvre touche 400 millions d’euros pour l’utilisation de son nom.
164 millions. L’agence France Muséums est rémunérée 164 millions sur 20 ans.
90 millions. Les 13 musées prêteurs en France reçoivent 90 millions d’euros sur 10 ans.
195 millions. Pour les expositions temporaires, 195 millions sont versés et répartis en fonction des musées prêteurs.
40 millions. Enfin, le Louvre Abu Dhabi bénéficie d’un budget d’acquisition de 40 million d’euros par an.