Entretien avec le Pr. Cheikh Tidiane Touré

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Notre invité

« Je crois en la réalisation du projet de nouvel hôpital Aristide Le DANTEC »
Entretien avec le Pr. Cheikh Tidiane Touré, chirurgien généraliste

Pr. Cheikh Tidiane TOURE

Son cv et toutes ses décorations ne tiendraient pas sur deux pages. C’est un exemple rare de cette élite africaine qui a choisi, après de brillantes études sur d’autres continents, de revenir mettre son talent et ses compétences au service de son pays et de l’Afrique toute entière.Homme de conviction, il est de ceux qui, par la seule foi en bandoulière, forgent l’avenir du Sénégal.

C’est pourquoi Cheikh Tidiane Touré Titulaire de la chaire de Chirurgie générale de la faculté de médecine de l’UCAD a fait sien le projet de construction du nouvel hôpital Aristide Le Dantec.
Selon lui, le nouvel hôpital devrait être construit sur le même site et dans un délai raisonnable.

L’Objectif visé est d’en faire un hôpital universitaire moderne de niveau 4, avec toutes les convenances et commodités conformément à se qui se fait de mieux dans le monde, mais également accessible à tous les Sénégalais en corrélation avec le grand projet de CMU (Couverture médicale universelle) du chef de l’Etat, Le Président Macky SALL qui est en harmonie avec son ministre de la Santé et de l’Action sociale, le Pr Eva Marie Collé Seck.

Le chef de service de chirurgie générale de l’hôpital universitaire Aristide Le Dantec (depuis 1997) vaut exemple et espérance et c’est un homme tout court, qui met son action citoyenne qu service de son pays, qui nous livre ses propos.

Pr. Qui êtes-vous et que représentez-vous à l’HALD mais surtout dans le projet du nouvel HALD dont on parle tant ?
Je suis un natif de Dakar, ayant fait mes études ici à l’école militaire de santé (Major au concours d’entrée), officier des forces armées, retraité depuis un an après avoir été interne des hôpitaux et docteur en médecine en 1977.
S’ensuivirent quelques années de formation en chirurgie en France et au Canada. Je suis titulaire de chaire à la faculté de médecine de l’UCAD et j’ai reçu plusieurs décorations. Je suis le directeur du bloc opératoire de l’hôpital Aristide Le DANTEC et aujourd’hui investi pour piloter avec d’autres compétences le projet du nouvel HALD, pour lequel je me donne corps et âme pour sa réalisation.

Il paraît que vous êtes le vecteur du projet et que vous vous êtes personnellement investi avec l’ensemble des professeurs ainsi que le personnel? Quelle est votre motivation ? Est-ce un simple devoir de patriotisme ?
Vu mon parcours, j’ai acquis beaucoup d’expérience non seulement en chirurgie proprement dite mais aussi en gestion de projets. J’ai un carnet d’adresses assez fourni ici et en Europe où j’ai des partenaires.
L’hôpital Aristide Le DANTEC est la première école d’application de médecine de l’Afrique francophone et du nord, et il existe depuis quasiment 100 ans.
Moi je suis là depuis 37 ans et en effet l’hôpital Le DANTEC est devenu vétuste. Au fil du temps, son fonctionnement s’est détérioré et la qualité des soins s’est dégradée. Lors d’une de ses visites à l’hôpital Le DANTEC, le Président Abdoulaye WADE avait dit que l’hôpital allait être délocalisé, ce qui avait démoralisé, en son temps, beaucoup de collègues et d’agents de l’hôpital.
Mais, s’il y a quelqu’un qu’il faut beaucoup féliciter, c’est le colonel Mame Massamba DIOP (un ami et frère avec qui j’ai eu une certaine complicité parce qu’ayant vécu ensemble pendant plus de 40 ans et avec qui j’ai souvent échangé) qui a beaucoup fait pour nous. C’est grâce à lui qu’il y a eu les assises de l’hôpital Le DANTEC en 2005 à l’hôtel Ngor Diarama.
Cela nous avait permis de faire le diagnostic de la situation de l’hôpital et de faire des projections.
A l’issue de ces assises, j’ai été investi comme pilote du projet de reconstruction de l’hôpital Le DANTEC. L’option qui a été retenue est la construction du nouvel hôpital sur le site de le DANTEC contrairement à ce que préconisaient les autorités, notamment le président WADE.
Notre ambition, c’est de construire un hôpital moderne de niveau international à même procurer des soins de haut niveau aux Sénégalais, d’éviter des évacuations sanitaires qui coûtent des milliards à l’état du Sénégal.
Présentement, nous avons à l’hôpital Le DANTEC, un personnel de haut niveau qui est parti étudier un peu partout dans le monde mais qui, au niveau technique, ne peut pas s’exprimer parce que les infrastructures et les équipements ne sont pas adéquats pour une prestation de haut niveau. Et pendant que l’on construit des infrastructures routières dites de dernière génération, pourquoi ne pas construire, en pleine ville, un hôpital universitaire de dimension internationale.

Croyez-vous sincèrement à la réalisation de ce projet ?

Quand je m’engage sur une chose, je vais jusqu’au bout. Donc, je crois vraiment à la réalisation de ce projet, c’est ma conviction. C’est comme une bataille que l’on doit gagner.

Pr. nous avons compris que la configuration sur le plan architectural est très moderne en référence à ce qui se fait de mieux dans le monde, la question est de savoir qu’est ce qu’un projet aussi important aura d’original ou de particulier quant à la prise en charge des malades, hormis les services classiques d’un hôpital de niveau 4 ? Y aura t-il des nouveautés surtout en terme de rentabilité ?

L’hôpital public n’a pas vocation à être rentable. Il faut juste équilibrer le budget.
Là également, nous avons prévu un volet VIP qui va accueillir des personnes nanties qui auront les mêmes soins que les malades moins nantis.
Ces personnes nanties seront logées dans des conditions de très haut standing au prix fort.
Au Sénégal, aucun hôpital ne répond au projet moderne et il nous faut un hôpital de référence.
Le Sénégal est un pays qui bénéficie d’un siècle d’exercice de la médecine hérité de la présence française. Ce que l’on fait en France, nous pouvons le faire à Dakar si les infrastructures et
les moyens suivaient. Le Sénégal, c’est nous qui le ferons et ce projet est un challenge pour tous ceux qui y croient.

Pourquoi avez-vous choisi d’implanter le nouvel HALD sur son site actuel au lieu de le transférer à DALAL DIAM, comme le préconisent certains ?

Un projet d’infrastructure exige au préalable, une concertation avec les populations. Le pouvoir public ne peut pas foncer tête baissée sans consultation ni concertation. Dans toutes les villes du monde, lorsque les hôpitaux sont des vitrines, ils sont dans la ville mais pas dans la brousse.
Donc, je pense que si on devait construire un hôpital de ce niveau, on devrait le faire dans la ville comme cela se fait dans les grandes villes comme Paris, New York, Montréal etc.
Je veux juste ajouter que dans l’état actuel de notre conception, les travaux à entreprendre n’entraveront en rien le fonctionnement habituel de l’hôpital.
Dalal Diam est un hôpital en construction mais je pense qu’on peut le faire pour la banlieue parce qu’en vérité, Le DANTEC est conçu comme la pyramide sanitaire du Sénégal. Le malheur est que c’est un hôpital où tout le monde vient parce qu’il n’y a rien en périphérie pour prendre en charge et soigner certaines pathologies légères. L’hôpital Le DANTEC ne devrait prendre en charge que les pathologies lourdes.

«Le Sénégal est un pays qui bénéficie de 100 ans d’exercice de la médecine du fait de la présence française»
En tant que coordonnateur, comment et avec quelles compétences avez-vous travaillé sur ce projet pour aboutir à une telle approche ?

J’ai travaillé dans beaucoup d’endroits : ici, en Europe, en Amérique, etc. J’ai parlé avec des experts et je devais aussi donner du temps à l’hôpital, réfléchir sur comment devrait être un hôpital ?
Parce qu’on me dit que quand tu travailles avec un architecte, il faut lui donner un programme. Ce qui veut dire que ce n’est pas un projet qu’on construit tout seul. Il faut que l’usager exprime ses souhaits, comment il voudrait que les choses soient.
L’hôpital moderne, que ce soit à New York ou dans une autre grande ville du monde, a cinq secteurs: le secteur externe non médicalisé, le secteur externe médicalisé, le plateau technique, le secteur d’hospitalisation et le secteur du dépannage technique.
L’hôpital qu’on projette aura cette configuration. C’est pourquoi, nous avons rassemblé des compétences ici et là, à titre bénévole, pour aboutir à une telle approche comme pour dire « da gnou yéné sunu askaan. »

Pr. pensez-vous pouvoir rentabiliser d’aussi gros investissements (une telle structure exige de gros moyens en terme de fonctionnement) avec la CMU (Couverture médicale universelle), grand projet du chef de l’Etat, si on sait que nous vivons dans des pays où les familles sont en général à faible revenu ?

L’hôpital universitaire n’a pas vocation à être un hôpital d’indigents.
Dans le monde entier, l’hôpital universitaire est réputé avoir une dépendance élevée. Aussi les équipements coûteux, les déclarations de factures coûteuses, tous ces investissements doivent être amortis par une solvabilité des personnes qui fréquentent ces établissements.
Partout dans le monde, ça se passe comme ça. Par contre, on en a fait, par défaut, un hôpital d’indigents parce qu’il n’y a pas d’hôpital pour que l’on y soigne tous les indigents du Sénégal.
Maintenant, on va vers l’installation d’un conseil national pour la santé par le professeur Eva Marie Coll SECK, Ministre de la Santé. D’ailleurs, le Premier ministre m’a confié un volet.
Ce conseil national est constitué de cinq rubriques : l’Action sociale, la gouvernance sanitaire, la prévention, la Couverture médicale universelle et l’offre de services de Santé.
C’est cette dernière rubrique qu’on m’a confiée avec mon équipe.
Nous allons réfléchir sur comment améliorer l’offre de soins à tous les échelons de la pyramide sanitaire :
cases de santé, postes de santé, centres de santé n°1, hôpitaux niveau 1, 2 et 3. Nos rapports seront bientôt déposés sur la table des autorités.
Donc, Le DANTEC, hôpital de niveau 4, va de pair avec l’accessibilité financière. Je pense que les nouvelles mesures qui seront prises à la suite de ces réflexions permettront à tous les Sénégalais d’être couverts et de pouvoir y accéder. Tout cela pour dire que ce projet est en parfaite harmonie avec la CMU.
Je l’ai dit tantôt, un hôpital public n’a pas vocation à être rentable, il faut juste équilibrer le budget et le reste suivra.

« Avec le nouvel hôpital, l’Etat dépensera moins d’argent pour les évacuations sanitaires »
Avez-vous l’appui des autorités ou autres décideurs politiques, plus particulièrement, votre ministère de tutelle pour la réalisation d’un tel projet?

J’avoue que même avant l’installation du gouvernement actuel,
tous les ministres de la santé qui se sont succédés dans le gouvernement du président WADE avaient souscrit à sa réalisation. Nous avions même pris la décision d’aller voir le président WADE. C’est un projet assez grandiose et assez pertinent. L’actuel ministre de la Santé est convaincu de la réalisation de ce projet.
Je pense que si cet hôpital est construit, l’Etat dépensera moins d’argent dans ses évacuations onéreuses. Nous sommes convaincus que l’Etat nous accompagnera dans ce projet et il y a déjà des prémisses.

Pr. pour conclure, que dites-vous, aux Sénégalais (autorités et populations comprises) sur le projet ?

Ce sont des mots d’espoir, de détermination et surtout de foi que j’ai avec tous les collaborateurs internes et externes et autres collègues de l’hôpital Le DANTEC pour que cet hôpital, qui est une nécessité pour le Sénégal, sorte de terre.

Propos recueillis par Alioune Badara CAMARA

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