« Electoral college », « GOP », « swing states »… Le glossaire pour tout comprendre à l’élection présidentielle américaine

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Portrait de Donald Trump et Hillary Clinton © Malick MBOW
Portrait de Donald Trump et Hillary Clinton © Malick MBOW

Vous risquez bien d’entendre et de lire beaucoup d’anglicismes dans les prochaines heures. Franceinfo vous a donc préparé un petit guide pour vivre l’élection comme un vrai Américain.

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France Télévisions
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 Temps de lecture : 8 min.
Une machine à voter installée dans un bureau de Washington, en novembre 2016, à l'occasion de l'élection présidentielle américaine. (SIMON GUILLEMIN / HANS LUCAS / AFP)
Une machine à voter installée dans un bureau de Washington, en novembre 2016, à l’occasion de l’élection présidentielle américaine. (SIMON GUILLEMIN / HANS LUCAS / AFP)

Après plusieurs semaines de campagne, nous y sommes : l’élection présidentielle américaine a lieu mardi 3 novembre. Un grand nombre d’expressions, en général peu connues des Français, vont être utilisées à foison aux Etats-Unis pour évoquer la lutte entre Donald Trump et Joe Biden. Franceinfo vous a donc concocté un petit glossaire pour pouvoir suivre l’événement en version originale.

Bellwether state

En anglais, le « bellwether » est le mouton (ou bélier) qui guide le troupeau avec une cloche autour du cou. Au sens électoral du terme, le « bellwether state » peut se traduire par « Etat baromètre ». C’est celui qui, d’élection en élection, vote toujours ou presque pour le vainqueur.

A ce petit jeu, le Missouri et le Nevada sont plutôt bons. Mais le champion, c’est l’Ohio : depuis 1944, les électeurs de cet Etat du Midwest ont systématiquement voté pour le futur locataire à la Maison Blanche. A une exception près, 1960, où ils se sont majoritairement prononcés pour Richard Nixon et pas pour John F. Kennedy.

Blue state / Red state

Là, votre anglais niveau primaire devrait suffire. Il s’agit d’un code couleur traditionnellement utilisé pour classer les Etats américains en fonction de leur vote. Les « blue states » (« Etats bleus ») sont acquis aux démocrates (Californie, Illinois, New York…), et les « red states » (« Etats rouges ») au camp républicain (Géorgie, Indiana, Louisiane, Texas…).

Electoral college

Contrairement à la France, la présidentielle aux Etats-Unis est un scrutin indirect. Ainsi, les Américains ne votent pas directement pour le candidat. Ils choisissent des « grands électeurs », dont le nombre varie d’un Etat à un autre en fonction de la taille et de la population. Ils sont 538 au total et ce sont eux qui, au bout du compte, éliront le président des Etats-Unis.

Ces « grands électeurs » forment ce qu’on appelle « le collège électoral », « electoral college » en version originale. Dans le système américain, un candidat doit obtenir la majorité absolue de ce collège pour entrer à la Maison Blanche, soit au moins 270 des 538 « grands électeurs ».

Faithless electors

Dans les faits, les « grands électeurs » sont ensuite censés respecter le vote populaire, en donnant leur voix au candidat arrivé en tête dans leur Etat. Mais il arrive que certains retournent leur blazer. C’est ce qu’on appelle les « faithless electors », en quelque sorte les « déloyaux » ou « infidèles ». Souvent, ils expliquent avoir changé d’avis parce qu’ils ne se sentaient plus prêts à soutenir tel ou tel candidat. On en a compté sept lors de la dernière présidentielle en 2016.

Jusque-là, les « traîtres » comme certains les surnomment aussi, ne risquaient pas grand-chose hormis quelques insultes ou une petite amende. Mais au début de l’été, la Cour suprême américaine a demandé aux Etats de sanctionner plus durement ceux qui « s’amuseraient » à l’avenir à voter pour quelqu’un d’autre.

Federal Election Commission

Son nom est trompeur. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la commission électorale fédérale veille uniquement au respect de la loi sur la question du financement des élections. La FEC, créée en 1974, publie les détails des dépenses de campagne des candidats et la liste de tous leurs donateurs, qu’ils soient privés ou publics.

Grand Old Party

Le « Grand Old Party » (« grand vieux parti ») ou « GOP » est le surnom donné au parti républicain. Créé en 1854, il rassemble les courants de la droite américaine. Il a pour emblème l’éléphant, et comme couleur le rouge. Le parti démocrate est symbolisé par un âne, et sa couleur est le bleu.

Inauguration Day

C’est ainsi qu’on appelle le jour où le président élu prête serment et prend officiellement ses fonctions. Il prononce alors la fameuse phrase : « Je jure solennellement que j’exécuterai loyalement la charge de président des Etats-Unis et que du mieux de mes capacités, je préserverai, protégerai et défendrai la Constitution des Etats-Unis. » La cérémonie de l’« Inauguration Day » se déroule traditionnellement entre les 20 et 21 janvier de l’année suivant l’élection.

Donald Trump prête serment, le 20 janvier 2017, à Washington. Il devient alors officiellement président des Etats-Unis. (KEVIN LAMARQUE / REUTERS)
Donald Trump prête serment, le 20 janvier 2017, à Washington. Il devient alors officiellement président des Etats-Unis. (KEVIN LAMARQUE / REUTERS)

National conventions

Les conventions nationales sont des moments incontournables de la campagne américaine. Même si les noms des vainqueurs sont déjà connus depuis plusieurs semaines, ce n’est qu’à cette occasion que les candidats sont officiellement investis par chacun des partis.

Ces conventions, qui marquent la fin des primaires et le début de la campagne présidentielle, se déroulent toujours en été. Mais cette année, un invité-surprise a perturbé leur bon déroulement : le coronavirus. Oubliés, les salles remplies, les 50 000 spectateurs, les lâchers de ballons, les grands discours à la tribune, etc. A cause de l’épidémie, la convention nationale du parti démocrate, prévue à Milwaukee (Wisconsin) mi-août, s’est essentiellement déroulée en ligne.

Joe Biden réagit dans un flux vidéo après avoir remporté les votes pour devenir le candidat du Parti démocrate pour la présidentielle américaine de 2020, le 18 août 2020. (BRIAN SNYDER / POOL)
Joe Biden réagit dans un flux vidéo après avoir remporté les votes pour devenir le candidat du Parti démocrate pour la présidentielle américaine de 2020, le 18 août 2020. (BRIAN SNYDER / POOL)

Même chambardement dans le camp d’en face : la convention nationale du parti républicain, qui devait se tenir à Jacksonville (Floride) sous l’initiative de Donald Trump, a finalement eu lieu à Charlotte (Caroline du Nord)… à huis clos. Le président sortant n’a pas fait le déplacement. Il s’est exprimé depuis la Maison Blanch.

October surprise

La « surprise d’octobre » désigne un événement imprévu, juste avant le scrutin, et qui viendrait influencer le résultat final. L’expression remonte à la présidentielle de 1972. Le 26 octobre de cette année-là, soit douze jours avant l’élection, Henry Kissinger, alors conseiller à la sécurité nationale à la Maison Blanche, déclare en conférence de presse que la fin de la guerre du Vietnam se trouve « à portée de main » (« Peace is at hand »). Une annonce qui, dit-on à l’époque, aurait aidé le président sortant Richard Nixon à être réélu pour un second mandat.

POTUS

Cet acronyme, qui signifie « President of the United States », est utilisé pour parler de manière raccourcie du locataire de la Maison Blanche. C’est d’ailleurs l’intitulé du compte Twitter de ce dernier. La Première Dame a elle aussi son acronyme, FLOTUS, pour « First Lady of the United States ».

Capture d'écran du compte Twitter de Donald Trump, président des Etats-Unis. (TWITTER / POTUS)
Capture d’écran du compte Twitter de Donald Trump, président des Etats-Unis. (TWITTER / POTUS)

PAC (et Super PAC)

Rien à voir avec notre fameuse Politique agricole commune. Aux Etats-Unis, quand une entreprise ou un particulier souhaite soutenir un candidat, il lui faut passer par un PAC pour verser une contribution. En anglais, l’acronyme signifie « Political Action Committee ». Ce que l’on pourrait traduire en français par « comité de soutien ».

En 2010, la Cour suprême a décidé d’ouvrir encore plus le robinet à dollars… en mettant fin aux plafonds (2 500 dollars) que les donateurs ne pouvaient pas dépasser. Ces « super PAC », comme on les appelle, peuvent depuis faire des dons illimités.

Et l’argent coule encore à flots cette année. America First Action, l’un des plus gros « super PAC » pro-Trump, va par exemple dépenser 18,6 millions de dollars en messages publicitaires dans quatre Etats où la lutte s’annonce serrée, indique le site Politico (article en anglais). En face, Joe Biden peut notamment compter sur Priorities USA. Au cours du deuxième trimestre 2020, ce soutien de poids a levé 36,6 millions de dollars pour le voir gagner, selon le Washington Post (article en anglais payant).

Swing states

Comme le verbe « swing » l’indique, ce sont les Etats qui « balancent » d’un camp à un autre, au gré des élections. Un coup démocrate, un coup républicain, parfois pour une poignée de voix. Ces Etats (une douzaine au total), appelés aussi « Etats pivots », détiennent la clé du scrutin. Voilà pourquoi les candidats concentrent leurs efforts financiers et leurs déplacements sur eux. Ils sont d’autant plus courtisés s’ils représentent un nombre important de « grands électeurs ».

Selon les sondages, les « swing states » de 2020 sont encore une fois la Floride, l’Ohio, la Pennsylvanie, le Colorado, l’Iowa, le Michigan, le Nevada, le New Hampshire, la Caroline du Nord, la Virginie et le Wisconsin.

Third party candidate

C’est le « candidat d’un troisième parti », ou un candidat qui n’appartient à aucun des deux grands partis (ni démocrate ni républicain). A ce jour, aucun d’entre eux n’a jamais gagné une présidentielle mais leur présence peut peser sur le résultat final. Ainsi, en 1992, le milliardaire Ross Perot avait recueilli près de 20% des voix.

Too close to call

Si vous regardez la soirée électorale sur une chaîne américaine, il est fort possible que l’expression vous arrive aux oreilles. « Too close to call » signifie littéralement « trop serré pour annoncer ». Un journaliste ou un observateur l’utilisera pour qualifier un scrutin où l’écart est trop réduit pour donner le nom d’un vainqueur. A l’inverse, on optera pour l’expression « call the election » quand il n’y a pas de doute.

Lors de la présidentielle de 2000, le démocrate Al Gore avait d’abord été annoncé vainqueur en Floride, avant que le scrutin soit qualifié de « too close to call ». L’Etat du sud-est du pays est d’ailleurs finalement revenu… à son adversaire républicain George W. Bush.

Winner-takes-all

La règle du « winner-takes-all » (« le gagnant prend tout ») est une autre particularité de l’élection présidentielle américaine. Le camp qui arrive en tête dans un Etat remporte l’intégralité des « grands électeurs » de cet Etat. Par exemple, si les démocrates terminent devant en Floride, ils empochent les 29 « grands électeurs » correspondants. Seuls deux Etats n’appliquent pas cette règle : le Nebraska et le Maine. Eux répartissent leurs « grands électeurs » sur une base proportionnelle.

Voilà pourquoi il est possible de devenir président des Etats-Unis sans remporter la majorité des suffrages au niveau national. C’est arrivé il y a quatre ans, avec la victoire de Donald Trump. Ce dernier a obtenu près de trois millions de voix de moins que sa rivale, Hillary Clinton. Et pourtant…

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